lundi 30 mars 2015

Crash de l'A320 : «Quelles souffrances peuvent entraîner un acte aussi monstrueux ?»

INTERVIEW - Jean-Louis Terra est psychiatre, chef de service au centre hospitalier du Vinatier et spécialiste du suicide. LE FIGARO. - L'hypothèse du suicide du copilote vous semble-t-elle plausible? JEAN-LOUIS TERRA. - Si cette hypothèse se vérifie, il faudra en tout cas parler de suicide-homicide car des dizaines de personnes sont mortes dans ce crash. Ce n'est pas impossible mais ce serait l'hypothèse la plus triste pour les familles des victimes. Comme une double pleine. À la douleur de la perte d'êtres aimés s'ajoute celle de penser que quelqu'un a considéré que leurs vies n'avaient pas de valeur. Ce serait également un renversement complet de ce métier de pilote qui est un métier de protection. Certains évoquent la possibilité d'«une bouffée délirante» du copilote... Je ne pense pas que cet acte puisse résulter d'une pulsion car la descente de l'avion a duré huit longues minutes et la porte aurait été fermée sciemment. Il ne faut pas oublier que la grande majorité des suicides sont préparés à l'avance. Quelles pourraient être les causes d'un tel acte? Il y a déjà eu des cas de suicides de pilotes de petits aéronefs en plein vol. Mais quelles souffrances peuvent entraîner un acte qui serait aussi monstrueux? On pense toujours à une rupture amoureuse mais il faut aussi se poser la question du rapport de ce pilote à son entreprise, de l'existence d'un conflit existant ou fantasmé avec son employeur. On pourrait imaginer une volonté de vengeance envers la compagnie qui l'employait. Bien entendu, dans le cas d'un acte politique, les raisonnements sont complètement différents.

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